Veuillez activer le javascript

Clients étrangers & prestataires malgaches : quand les négociations dépassent les bornes

Clients étrangers & prestataires malgaches : quand les négociations dépassent les bornes

Clients étrangers & prestataires malgaches : quand les négociations dépassent les bornes

/LAPLUME.MG

La réduction drastique des coûts est devenue une obsession chez les donneurs d’ordres si bien que certains oublient que la qualité a un prix.

Pour grappiller des parts de marché, certains freelances et agences d’externalisation se plient à la pression des grilles tarifaires imposées par les clients et proposent ainsi des prix sacrifiés. L’objectif de cet article est de mettre en lumière les conséquences des négociations trop abusives des prix sur la qualité des services et les impacts humains et sociaux qu’elles engendrent.

Contexte

« C’est beaucoup. On peut le faire pour moins cher ? »

« Ça coûte trop cher. Le budget ne permettra pas ce luxe. »

« J’ai reçu d’autres propositions et votre prix est le plus cher. »

Il n’est pas rare de voir des prestataires de service recevoir ce genre de remarque. C’est d’ailleurs l’objectif du jeu ! Un client usera de tous les stratagèmes pour gagner quelques euros en négociant.

Cependant, les négociations des donneurs d’ordres peuvent être disproportionnées, voire discriminatoires. Dans le cas de Madagascar, les clients peu scrupuleux misent sur la détresse économique du pays pour obtenir des prix cassés. Étant donné qu’il n’existe aucune indemnité comme le RSA ou l’allocation chômage, certains freelances se contentent de ce qu’on leur donne pour pouvoir s’en sortir. Résultat : ils sont prêts à proposer des tarifs modiques.

Malheureusement, à trop se sous-vendre, certains freelances et agences ne parviendront jamais à accroître leurs tarifs. Pire encore, ils risquent de perdre en rentabilité.

Secteur du digital : une incompréhension du côté des donneurs d’ordre

Si certains clients étrangers n’hésitent pas à proposer des tarifs excessivement bas aux prestataires malgaches, c’est qu’ils sont surs de payer plus qu’il ne le faut. Or, c’est faux ! D’ailleurs, il n’est pas rare de voir un client dire à un freelance malgache « N’essayez pas de m’arnaquer, car je vous paie déjà 3 fois le SMIC malgache, donc c’est largement suffisant. » Si ce raisonnement peut-être plausible en Europe, c’est loin d’être le cas à Madagascar.

C’est la raison pour laquelle nous voulions exposer ce petit tableau sur coût de la vie à Madagascar.

Piqure de rappel sur le coût de la vie à Madagascar

Dans ces différents tableaux, vous retrouverez les données basées sur le coût de la vie à Madagascar.

Les salaires à Madagascar : salaire moyen mensuel et salaire minimum

  • Salaire minimum à Madagascar (pour les ouvriers et les tâcherons) : 43 euros
  • Salaire moyen d’un jeune diplômé doté d’une licence: 100 euros
  • Salaire moyen d’un cadre : entre 230 et 500 euros
  • Salaire moyen d’un cadre supérieur: entre 800 et 2500 euros.

Prix des services à Madagascar : Forfait Internet, forfait téléphone, abonnement d’électricité

  • Forfait Internet : 65 euros pour les particuliers et 220 euros pour les professionnels
  • 1 mois d’eau et d’électricité pour une maison de 90 m2 : 30 euros
  • 1 minute d’appel avec un téléphone prépayé : 0,12 euro

Prix du transport à Madagascar

  • Ticket 1 déplacement : 0,12 euro
  • Tarif standard d’un taxi : 5 euros
  • Le litre du carburant : 0,92 euro

Prix d’achat ou de location de maisons à Madagascar

  • Location d’un studio au centre-ville : 67 euros
  • Location d’un appartement de 2 chambres au centre-ville : 112 euros
  • Location d’un studio en périphérie : 45 euros
  • Location d’une maison de 2 chambres en périphérie : 88 euros

Vous donc compris, en gagnant 3 fois le SMIC malgache, un freelance habitant au centre-ville ne pourra même pas couvrir ses charges. Il faut savoir que ce SMIC n’a pas été mis à jour en fonction de l’inflation qui frappe la Grande Ile.

Les dangers du low cost

Actuellement, les donneurs d’ordres étrangers sont très attentifs aux prix pratiqués dans le secteur de l’externalisation (surtout en période de crise économique), mais ils sont aussi mieux informés et hyperconnectés.

En quête de bénéfices, la plupart opteront automatiquement pour les freelances ou les agences web auprès desquels ils trouveront le maximum d’avantages en termes de prix. Or, en recrutant les plus « affamés », qui sont généralement les moins qualifiés, les clients n’obtiennent pas de la qualité, mais uniquement le profit à court terme. D’ailleurs, nous en avions déjà parlé dans notre article «  Attention au cost killing »

Ils ont font bien évidemment les frais et leur déception concourt à la dégradation du marché de l’externalisation offshore à Madagascar. Il suffit d’ailleurs de lire les forums sur le sujet pour s’en convaincre.

Pourtant, Madagascar constitue une destination incontournable pour externaliser les activités digitales

Cependant, il faut prendre en compte des critères clés pour choisir son prestataire.

Les prestataires malgaches ne proposent pas tous des services bas de gamme. En témoignent les nombreux clients satisfaits des prestations en rédaction web à Madagascar.

Il existe des agences d’externalisation offshore et des freelances qui arrivent à tirer leur épingle du jeu et qui continuent d’ailleurs à redorer le blason de la Grande Ile dans le secteur de l’outsourcing. Ils connaissent les attentes des clients étrangers et mettent les moyens techniques et humains nécessaires pour y répondre avec sérieux et professionnalisme.

Quoi qu’il en soit, cet article n’a pas pour objectif d’amener les clients étrangers à ne plus négocier les prix, mais de le faire de manière éthique et socialement responsable. Car n’oublions pas que l’outsourcing ne doit pas rimer avec « esclavagisme moderne ».

Ainsi, si vous êtes un donneur d’ordre étranger souhaitant externaliser à Madagascar, voici quelques conseils qui vous seront bien utiles :

  • Déléguez vos activités à un prestataire qui mise avant tout sur la qualité et qui bénéficie d’une bonne notoriété dans le secteur de l’externalisation.
  • Dites-vous que la qualité à norme française a un prix même dans un pays où la main d’œuvre est attractive.
  • Analysez avec objectivité le niveau de vie des Malgaches pour juger la cohérence d’un tarif.
  • Intéressez-vous aux conséquences humaines et économiques d’une négociation immodérée sur les tarifs. Quelques euros de plus pour les uns font toute la différence sur l’assiette des autres.

Nous espérons que nos quelques conseils pourront vous aider à préparer votre projet d’externalisation à Madagascar. Sur ce, rendez-vous dans notre blog pour lire d’autres billets sur l’univers de l’outsourcing !

 

Articles dans la même catégorie